Une Mentalité Retardataire Le Burkina au Rond-point

Une Mentalité Retardataire
Le Burkina au Rond-point

Le Burkina Faso comme les autres pays africains souffre d'une mentalité de sous développement. Après la colonisation, les colons ont fabriqué un nouveau système favorable à maintenir les nouveaux états africains dans une situation de dépendance. Par exemple, la langue officielle du Burkina est strictement le français ; cette situation nous oblige à étudier en fonction des conditions des français car notre système éducatif ne correspond pas aux besoins de société de notre pays. Ainsi, nos premiers dirigeants étaient des diplômés principalement de philosophie, de langues, de droit, d'économie, d'histoire et très peu d'ingénieurs, de techniciens, etc pour défendre les intérêts de la France. Par conséquent, nos gouvernements étaient obligés d'acheter les livres de la France pour que nos élèves étudient en français, d'embaucher des français techniciens pour construire nos bâtiments, barrages, etc.

Malheureusement après le départ des colons, nos dirigeants n'ont pas su changer le système d'exploitation imposé par les anciens colons. Ainsi, on continue d'avoir les effectifs les plus élevés en droit, en langues, en economie, etc dans nos universités au Burkina. La langue française a gardé sa situation de langue officielle nous obligeant d'acheter les romans et documents de la France. Conséquence, nos langues nationales sont restées à leur situation habituelle de locales, de langues des analphabètes. A cet effet, les plus intelligents sont ceux qui parlent le français même s'ils ne peuvent pas desserrer les écrous d'un vélo, et les analphabètes sont ceux qui parlent le mooré, le bissa, etc mais qui cultivent, vendent et font tourner l'économie du pays.

Aussi, au sein de la population, on ne fait pas mieux. Même dans nos langues nationales, on passe le temps à minimiser ce qu'on peut faire de nous mêmes afin d'arriver un jour à être indépendants. Par exemple, dans la langue mooré:

- lorsqu'une chose est bien fabriquée même sans savoir di c'est un blanc ou un noir qui l'a fabriquée, inconsciemment on dit :  « Nasaara ya zĩna » ; pour dire le blanc est un génie.

- quand un burkinabè réalise de grandes choses, on dit :  « A dɩɩ tɩɩm » ; pour signifier que la personne a fait de la sorcellerie ou qu'elle a utilisé des gri-gri ou des fétiches.

- lorsqu'un burkinabè, même étant par exemple un genie en soudure, parle seulement sa langue maternelle, on dit :  « ya weoogo/ ya weoogẽ biiga » ; pour dire que c'est un villageois.

- lorsqu'un burkinabe, même étant par exemple né et grandi au Burkina, parle seulement le français, on dit :  « ya nin-bedre »; pour dire que c'est une grande personne ou une personne civilisée. Mon ami, arrête de te flatter, faut savoir que tu es juste un perdu. Um français né et grandi même au Burkina fera tout pour parler sa langue maternelle qui est le français. Donc toi burkinabè né et grandi au Burkina et sachant pas parler ta langue maternelle, tu es juste un aliéné.

Également, nos représentants et nos médias ne font pas mieux. En réalité, dans nos films, les riches, ou les fonctionnaires, ou encore les plus intelligents parlent généralement le français et le pauvre, ou le gardien, ou encore le cultivateur se contente de son mooré. Du coup, dans la petite tête de l'enfant, pour être une bonne et grande personne, il faut abandonner sa langue maternelle pour parler uniquement le français. Pire, certains parents se plaisent d'apprendre à leurs enfants à parler uniquement le français. Qu'ils sont perdus !

Enfin, religieusement parlant, nos prénoms en langues nationales souffrent de disparition. Par exemple, au baptême musulman, l'imam donne strictement un prénom arabe au nouveau né. Et les parents s'en contentent. Ainsi, l'enfant nommé par exemple Ibrahim une fois grandi s'identifie à un arabe; il supportera par exemple un arabe Ibrahim qui joue à Chelsea se considérant tres éloigné d'un compatriote burkinabè dont le prénom est Wẽnd-kuuni qui joue à l'Asfa Yennenga. Les chrétiens ne font pas mieux aussi. Un prêtre sera content de baptiser un bébé et de lui donner le prénom de Pierre en expliquant longuement les exploits d'un saint Pierre tout en oubliant que Pierre en mooré est Kugri (kougri). Ma religion ne doit pas m'éloigner de ma culture.

Il est temps de se réveiller

N.B: Je ne suis pas épargné de cette situation, j'essaie juste de m'améliorer.

Robert Kiswendsida Kaboré
Photo d'illustration : Pr Mahamadé Savadogo, enseignant de philosophie à l'université de Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, donnant fièrement des cours de philosophie en mooré dans les locaux de la radio Liberté / Ouaga. Je suis son fan. Dieu le bénisse abondamment.

Suivez le sur la Radio Liberté/Ouaga 92.8 fm, 
Tous les samedis à 11h
Rediffusion : 
Mercredi 17h 05
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