Le Ratenga
Aperçu sur l'Histoire du Ratenga
Le Ratenga a été fondé à la fin du XVe siècle par Naaba Ratgba, un fils de Naaba Zungrana. Après avoir aidé Naaba Wubri à pacifier le yas-tẽnga qui a conduit à l'érection du royaume de Wubr-tẽnga, il s'est lancé dans la conquête de son propre territoire (Pugo).
Il fit l'itinéraire suivant : Gulongu (Moogo central) - Noh (Risiam) - Bayendfulgo - Kora - Kurpelle (Ratenga). Durant son voyage de conquête, il commença à tracer son territoire à partir de Zandkoom dans le massif de Risiam au sud. Il établit sa résidence à Kurpelle, c'est la première capitale du royaume. De Kurpelle, il conquit les villages fulse de Burzanga, de Pobe-Mengao (le Lorum). La limite nord de son royaume est portée à So au nord du Jelgoji actuel.
Pendant sa conquête, Naaba Ratgba et ses hommes ont pactisé avec les Nyonyoose et Fulse et repoussé les Kibsi connus comme une communauté insoumise. Les quelques uns des Kibsi qui y restèrent, aussi appelés les Kibkela, ont été classés par les Nakombse sur la liste de Nyonyoose. On les rencontre aujourd'hui à Bam-village, Bonda, Kayon, Dure, Denion.
Kurpelle vient de "Kuy pelle" en référence aux tas de tortues que les conquerants nakombse ont trouvé sur place. Ratenga ne vient pas de "Rap tenga" comme le sens commun le croit mais plutôt de " Ratgb tenga" (territoire, possession de Ratgba).
Sous Naaba Rasinga (2è moitié du XVIè siècle), la capitale du royaume est délocalisée à Badinogo. Son successeur fut une femme (sa fille) consacrée sous le zabyure Naaba Weemba. Apres Naaba Weemba vient Naaba Yirzigin (10è de sa lignée). Il renoua avec la capitale Kurpelle d'où le nom de guerre Yirzigin (ancienne résidence).
Quelques temps après, pour des raisons que nous n'allons pas évoquer ici, Naaba Yirzigin transfera sa capitale à Zimtanga. Il installa sa résidence au pied d'une colline protectrice qu'il baptisa Zimtanga (colline des silures). Mais plus tard, le territoire originel du Ratenga s'est vu rétréci avec la fondation du Tatenga (Risiam) avec Naaba Tansongo, un fils du Moog-naaba Kuda, à la fin du XVIe siècle, c'est à-dire un siècle après celle du Ratenga et du Zitenga; egalement avec la formation des commandements du Jelgoji qui occupèrent la region de So (Djibo).
Notons que le fondateur de Risiam a fondé son royaume dans un territoire déjà conquit par Ratgba, et peut être même une infime partie de celui de Ziido, fondateur de Zitenga.
Dans la première moitié du XVIIIè siècle, le Rateng-Naaba Tanga introduit l'islam dans le palais qui coexiste avec la religion traditionnelle. Il fit également allégeance au Yatenga et fait de son royaume un Kombere, c'est-à-dire un vassal du Yatenga. À l'arrivée de Français pendant la colonisation, le Ratenga est assujetti suite à la signature du traité de protectorat du 18 mai 1895 par le Yateng-naaba Baogo. Ce papier aliénateur a placé le Yatenga, ses vassaux du sud-est tels que le Risiam, le Zitenga, le Ratenga et ceux du sud, notamment Busu, Niesega et Darigma sous le joug de la France. Avec les multiples résistances des populations, une pacification du Ratenga fut organisée. Elle a lieu en mai 1899. À l'issue de cette repression, le Rateng-naaba Pĩiga et plusieurs de ses hommes furent tués par le résident du Yatenga (le capitaine Boutiq). Boutiq confia la gestion du kombere à un non-nakombga qui régna pendant 3 ans avant que Naaba Koom, oncle de Pĩiga, soit intronisé au rang des Nakombse. En 1917, l'assimilation fut remplacée par le système d'association qui inclut les chefs locaux dans la gestion du pouvoir colonial. De fait, le Kombere de Ratenga fut érigé en canton et le Rateng-naaba en chef de canton. L'objectif visé par l'administration coloniale dans cette politique, était d'utiliser les chefs locaux pour pouvoir exploiter à fond leurs populations qu'elle taxe d'indigènes, de sans droit, par le bais du travail forcé ou obligatoire.
N.B: « Yas-tẽnga » veut dire terre des oncles maternels. Vous pouvez faire des suggestions.
Le texte est de Isidore W. KONSEIBO, apprenti historien.
Crédit photo : Scholastique Ouédraogo
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