La place Moogho Naaba Wobgo
LE ROND-POINT MOOGHO NAABA WOBGO
Article de Madi Diallo
Le Rond point de la pâte-d'oie est aujourd'hui en plein aménagement, à coup de grande communication suscitant un débat souvent clivant sur la pertinence, l'opportunité de sa dénomination de Place Mogho-Naaba Wobgo.
Il faut dire que le rond point de la pâte d'oie a été baptisé Place Naaba Wobgo par une commission de typonymie présidée par Maître PACÉRÉ mise en place depuis 1997, sous la mandature de Monsieur Simon COMPAORÉ à la Mairie de Ouagadougou.
DE LA PERTINENCE DE LA DENOMINATION:
Poser cette question c'est mettre en réflexion le rôle et l'apport de Naaba Wobgo dans l'Histoire de notre pays.
En décembre 1996, s'était tenu à l'Université de Ouagadougou, un colloque international sur le thème «Haute-Volta (Burkina Faso) 1895-1995, cent ans d'Histoire» sous la responsabilité des Professeurs Georges MADIÉGA et Oumarou NAON, notamment.
Sur Naaba Wobgo - Boukari Koutou, une étudiante avait posé la question : « est-ce que fuire, c'est résister». L'ambiance était soudainement devenue autre. On sentait que certains fulminaient, la rage étaient dans certains regards et on pouvait imaginer que dans un autre contexte les «zandés» seraient lancés en représailles à ce que certains avaient perçu comme un crime de lèse-majesté.
Après avoir posé cette question, la demoiselle avait déposé le micro et rejoint sa place comme faisant abstraction de ce qui était dans l'air.
C'est le Professeur Georges MADIÉGA qui avait répondu, avec le tact, la profondeur de pensée et la tempérance qu'on lui connaît et la maîtrise du sujet auquel il a consacré tant de temps de recherches, d'écrits, de cours et de conférences. Restituer les mots de Georges MADIÉGA n'est pas à portée de mes capacités.
J'ai retenu :
- le Mogho-Naaba Wobgo avait signé un traité avec les anglais à travers Georges Fergusson en 1894 et a toujours fait honneur à cet engagement,
- Oui, le Traité ci-dessus a été opposé aux représentants de la France,
- La réputation de la Colonne Voulet-Chanoine dans sa progression violente à Ouahigouya et Yako l'avait devancée et Naaba Wobgo a tenté une résistance à cette avancée. Face à la puissance de feu des troupes de Voulet, il a choisi de faire appel aux anglais avec qui il avait un traité.
- c'est une réalité que les anglais avaient entrepris de le raccompagner et lui porter assistance.
C'est une réalité que les anglais dans leur progression se sont arrêtés suite à des concertations sur fond des conversations de la conférence de Berlin de 1885.
Conclusion Naaba Wobgo est parti avec la ferme intention de revenir fort du soutien des anglais avec qui il avait un traité. Mais le pacte coloniale , les jeux d'intérêts entre la France et l'Angleterre ont été obstacle.
Ceci étant et ça été dit au cours du colloque , ce fût un tournant décisif avec comme résultat:
- le fait que le Mogho soit sous le contrôle du coloniale français,
- le fait que le colon français ait intégré le Mogho dans un territoire dit Haute Volta avec tous les cycles de constitution-dislocation-reconstitution (1919-1932-1947) puis indépendance en 1960,
Même dans la dévolution du pouvoir , ça a changé. Puis qu'après son départ, c'est son frère Mamadou Koutou qui a été installé comme Mogho-Naaba par Voulet sous le nom de règne Naaba Siguiri (1897-1905),
Depuis cette époque la dévolution du naam se fait de père à fils.
On a eu donc:
-Naaba Wobgo (1885-1896), Boukari Koutou
-Naaba Siguiri (1897-1905), Mamadou Koutou
-Naaba Koom (1905-1942) Saïdou de Mamadou
-Naaba Saga (1942-1957) Issoufou de Saïdou
-Naaba Kougri (1857-1982) Moussa de Issoufou
-Naaba Baongho (1982 à nos jours), ceux qu'on appelle désormais «Naab youré», venez pointer.
PERSPECTIVES
Maintenant, ça a été une des conclusions forte du Colloque, comment faire passer l'idée de Nation Burkina Faso dans un contexte où des ethnies, des cultures sur des territoires différents avec des paradigmes différents et des systèmes d'organisations différentes ont été mis ensemble
Pour revenir spécifiquement de la symbolique à travers le design du bonnet. Convenons que c'est de l'art, donc pouvant être diversement interprété.
Quel est le contenu que ceux qui ont commandé l'œuvre voudraient y donner.
On lie et on entend beaucoup beaucoup de choses. Souvent les unes plus violentes, sectaires anti-nation les unes que les autres. La seule base serait des proclamations de case dont certains sont à éducation non accomplie tant l'ignorance des fondements de ce qu'ils prétendent défendre est palpable.
Ce qui est certain , le bonnet de Chef de ce design est de conception récente, très comtemporaine avec tout ce que ça couvre et couve comme amalgames. Dans un sens comme dans l'autre. Malheureusement, souvent au gré des manipulations et positions partisanes, clivantes ,divisionnistes fondées sur l'inculture , l'ignorance des faits historiques et le déni des compromis utiles et nécessaires.
Par Madi DIALLO
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Apport de Ousseni Georges Wendemanegde Kalmogo
Merci pour cet article sur notre histoire.
Certaines personnes sont spécialistes des oppositions inutiles.
Le Mogho Naaba Wobgo ne s'est pas enfui au Ghana. Il faut rappeler que Ghana était la terre de ses ancêtres et également il y avait les anglais avec qui il avait signé un traité de coopération.
Donc il fait un retrait stratégique tout comme De Gaulle l'avait fait en Angleterre et en Afrique pour chercher du soutien, de la stratégie pour la reconquête.
Il n'a jamais renoncé à revenir jusqu'en février 1897. Et entre septembre 1896 à février 1897, la colonne infernale de Voulet Chanoine ont massacré énormément nos ancêtres y compris les commerçants Yoruba qui donnaient des informations au Mogho Naaba Wobgo.
Gloire à nos ancêtres méritants.
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Contribution de Severin Togossida Ilboudo
Wogdogo transcrit Ouagadougou, ancien royaume des Moose est avant tout une ville fondée par des Moose. Donc une place dédiée à un des mogho nanambse qui ont régné sur le royaume de Ouagadougou est la bienvenue. Je pense qu'il serait temps de rendre hommage à nos ancêtres au niveau de nos régions en leur octroyant des places, des ronds points et des avenues.
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Commentaire Adama Kinfa
Kɩɩms lagm koabg kõ bugs-a wobg ye (même 100 fantômes réunis ne sauraient faire peur à un éléphant), Boukary Koutou. Dans sa réplique tactique, Moogho Naaba Wobgo avait tenté d'y revenir... Mais hélas... A Zangogyiiri (au Ghana) où il se repose, il intercède toujours pour nous! Rest in peace
Mossi TV
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